En route dans cet autre matin,
Je vais tranquille sur mon chemin.
Peu importe ce qui s’y trouvera,
Être me suffira.
Autour de la table du passé,
Il n’y a plus personne ; tous renvoyés.
J’ai perdu des regards,
Pas la mémoire.
Désinvolte, ça et là,
Orpheline depuis longtemps déjà,
Depuis toujours, pour tout dire,
Je fais pour le meilleur, mais pas pour le pire.
Je parle pour des dernières fois
De visages flous et d’autrefois,
Comme autant de corps disparus
Qui refont surface, nus.
J’ai rompu avec cette étrangère,
Sombre passagère d’un hier.
– Je déclare ouvert le grand dépouillement !
Avis à l’absurde et aux croupissants.
Arrachée à des vérités,
Sans mot devant certaines réalités,
Je me pose dans l’intime absolu.
J’ai vu et je ne veux plus.
Ma grotte se veut imprenable et sans fin.
Place est faite, je vois au loin.
Quand l’inespoir est en échec au roi,
L’enfant s’endort enfin, sans foi ni loi.


