[…]
C’est péniblement que je suis retournée à la voiture, un peu hagarde, abasourdie par les vingt dernières minutes passées dans ces murs. L’impression de ne plus pouvoir penser correctement a duré tout le long du trajet retour. Le chauffeur n’a pas parlé non plus.
Je cherchais un peu partout dans mes pensées un début de réponse, même n’importe quoi, un petit quelque chose, mais elles s’entrechoquaient et je revenais toujours à ce rendez-vous, que je qualifie d’inhumain, tout comme l’endroit. Disons que j’aurai apprécié un peu plus d’écoute. J’avais aussi quelques questions. J’ai eu un entretien avec un formulaire qui m’a à peine regardé, malgré le piètre état général dans lequel je me trouvais. Ou peut-être était-ce à cause de ce dernier.
À terre. Physiquement, psychologiquement. Plus personne, baisser de rideau.
Ce n’est plus les rires et les chants ; il est venu le temps de se poser. C’est d’ailleurs quelque part la seule option du moment, se poser. Car le corps tout entier souffre tellement qu’il dit stop, à bout de tout. Puis il y a eu cet instant où je me suis retrouvée comme absente. Éteinte. Les paupières se sont fermées, et c’est là que j’ai entendu mon être hurler des douleurs qui le rongeaient. Je pouvais les sentir se déplacer, sans autre force que celle de subir. Je ne peux plus me reposer, je ne peux plus dormir, assaillie.
J’avais connaissance de ton nom. Ce soir là je t’ai vue pour la première fois.
[…]


