Je règle mon café, j’en ai marre de ces marionnettes.
Mal dormi, mal réveillée, et lui qui me prend la tête !
Ce n’est pas le moment et ça m’ennuie à vrai dire.
Partout les mêmes boniments ; je préfère partir.
Il pleut encore, le temps a adopté le gris,
Comme les décors, et les gens aussi.
Le goût de l’ordinaire pique un peu en bouche.
Je ne prends pas de verre, et puis pas touche.
Les pieds trempés pour pas grand chose,
Harassée de banalités, là c’est bon j’ai ma dose.
C’était histoire de prendre l’air, non accompagnée.
Finalement je rentre dans ma tanière, et voire me recoucher.
Je me sers un café, tranquille sans personne.
Je reconnais que toutes ces hostilités me chiffonnent.
Je m’assois derrière la fenêtre, ma tasse à la main.
Je suis perplexe quant à la raison d’être, à m’en couper la faim.
De toute façon, tout fout le camp.
Alors à quoi bon, surtout si bêtement.
L’averse fait se hâter certains qui sont restés dehors.
Tous ces pas, sans doute pour rien… je baisse le store.
Pourvu qu’on m’oublie, comme un sentiment fané,
Terni, usé.
Faut pas m’en vouloir, je préfère me tenir loin des autres,
Et d’ailleurs à bien y voir, il n’y a pas que des apôtres.
Je refais couler du café, la soirée débute à peine.
J’entends que le vent s’est levé ; j’enfile un pull en laine.
Les aiguilles ne cessent de tourner, toujours dans le même sens,
Mais pour autant je ne suis pas pressée, rebelle de cette insolence.
Pour l’heure, indisciplinés à souhait, je vais aller coucher les mots
Et tirer quelques traits, horizontaux.
Une poignées de monologues existentiels, quand bien même si discutables,
S’affrontent quelquefois lors de duels dans les affres de l’inexorable.
Soudainement les verbes se taisent, à l’écoute ; c’est la pluie qui a redoublé.
J’y vois là une parenthèse, colorée d’un dernier café.
Je regarde par delà la fenêtre ; je n’ai presque plus de voix.
Tant de peut-être, tant de pourquoi.


